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MONOGRAPHIE COMMUNALE DE ROCQUENCOURT

 

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M. Duchesne, professeur d’histoire naturelle à l’Ecole Centrale de Seine et Oise, dans un mémoire de l’an XI (1802), mentionnait la trouvaille à Rocquencourt d’huitres fossiles d’une espèce particulière.

               Du canton et à 4 kil. De Versailles, à la lisière de la pointe méridionale de la forêt de Marly, Rocquencourt, à l’altitude de 154 mètres, est bâti au croisement de la route nationale n°184 de Pontoise à Versailles par St Germain et Marly et de la route nationale n°307 de St Cloud à Mareil-sur-Mauldre. Le chemin de fer sur route de Versailles à Meulan, qui traverse Rocquencourt, n’est plus guère utile que pour le transport des gadoues et ordures ménagères de Versailles.

               Une rue nommée rue Moxouris, nom sans doute d’un ancien lieu-dit, sépare la commune de Rocquencourt de la commune du Chesnay. Le nom de Moquesouris se retrouve comme nom de hameau à Gazeran, Moulette etc. Il désignait un moulin mal achalandé.

               Une auto-route, actuellement projetée, traversera en tunnel le parc de St Cloud et ira, à travers les bois de Fausses-Reposes, dans la direction de Rocquencourt, où elle se partagera en deux branches, l’une allant rejoindre la route nationale Paris-Chartres entre Saint-Cyr et Trappes ; l’autre traversant la forêt de Marly et allant rejoindre la route de Quarante-sous vers la Maladrerie de Poissy.

               De Rocquencourt, l’on découvre l’immense vallée où s’étend le parc de Versailles. A Rocquencourt sont les sources du ru de Rennemoulin, lequel traverse la plaine de Chèvreloup et va se jeter dans le ru de Gally au moulin de l’Orme, sur la commune de Rennemoulin, après un cours de 4 kilomètres.

               Chèvreloup est un hameau de Rocquencourt à la limite de la commune de Bailly. Mais il y avait autrefois un village de Chèvreloup qui a été démoli en 1689 pour le grand parc de Versailles. Il a donné son nom à une grande plaine herbeuse et vivifiée de fontaines qui s’étend de Rocquencourt à Trianon et Gally.

               En 1935, dans la plaine de Chèvreloup, le museum d’histoire naturelle installe une annexe consacrée à des collections d’arbres.

               Au sud du village de Rocquencourt, le long de la route de Versailles, se trouve l’ancien réservoir de Rocquencourt établi entre 1679 et 1684 pour recueillir, au moyen de rigoles, les eaux tant du plateau nord de Versailles que des sources qui furent alors découvertes aux bords de la forêt de Marly. Du réservoir de Rocquencourt, l’eau se rendait dans celui de Chèvreloup, au sud de la plaine de Chèvreloup, près du parc de Trianon. De là les eaux se rendaient par des canalisations au pied du château de Versailles et aux fontaines de la ville, sous la Révolution, le réservoir de Rocquencourt fut vendu et le système d’adduction d’eau disparut.

               P. Villiers (manuel du voyageur aux environs de Paris) parlant de la machine de Marly, écrivait, en 1802, qu’elle alimentait plusieurs réservoirs : ceux de Marly et Luciennes fournissent l’eau à Marly seulement ; ceux du Chesnay, de Rocquencourt, de Chèvreloup et de Trianon, n’en fournissent qu’à Trianon.

 

Etymologie : Ricconis curtis, résidence de Roccon, un des grands leudes du roi de Neustrie Thierry III, 7e siècle. Roccon Curtis.

   MM. Auguste Longnon et Albert Dauzot dans leurs ouvrages sur les noms de lieux, rapportent à l’époque franque la formation des noms de lieux terminés par le suffixe court. Cortis, en bas-latin curtis, représente la contraction du latin cohors, génitif cohortis, et, dans la langue populaire, est devenu corte au cas régime. Ce mot, outre d’autres sens, désignait, dès l’époque romaine, la cour de ferme, la même étymologie ayant d’ailleurs formé courtil, courtille.

Par extension, le mot est arrivé à dénommer, dans une certaine région, les bâtiments ruraux entourant la cour, puis le domaine lui-même. « L’examen de la toponymie, écrit M. Dauzat, nous permet d’affirmer que cette transformation s’est opérée dans l’Austrasie romane, le maximum de densité des noms de lieu en court se trouvant en Lorraine, tandis que celui des noms en ville est en Beauce. Vers la fin du 5e siècle, après une période d’anarchie et d’invasion, les noms composés en villa (Arnonis villa, Arnouville) remplacèrent les dérivés en acum (Thoriacum = Thoiry) pour nommer les nouveaux domaines. Postérieurement est venue la formation austrasienne en court, laquelle a essaimé ensuite des rejetons dans presque toute la France du Nord jusqu’à la Loire, résultat de la suprématie de l’Austrasie et des seigneurs austrasiens après la bataille de Testry (Testry, village à 13 kil. De Péronne. En 687, victoire de Pépin d’Héristal, maire du palais d’Austrasie, sur Thierry III, fils de Clovis II roi de Neustrie) et le triomphe des Pippinides. » (Albert Dauzat).

               Comme pour les noms de lieu terminés en acum (ac, ai, y) et en villa (ville), la première partie des noms de lieu terminés en corte (court) est généralement formée du nom du propriétaire, franc, du domaine auprès duquel s’est groupé le village, propriétaire qui en notre espèce était Roccon.

               Roccon était un des principaux personnages de la cour du roi de Neustrie Thierry III.

               Rocquencourt, qu’on trouve cité dès 691, alors dans le Pincerais, fut par la suite rattaché au Parisis.

               L’église que possédait autrefois Rocquencourt était sous le titre de Saint-Nicolas, évêque de Myre en Lycie, qui vécut dans la première moitié du quatrième siècle et qu’a rendu célèbre la légende de la résurrection de trois petits enfants, sujet d’une ballade que chantaient nos grand’mères pour charmer les bambins. Cette église a été démolie et la paroisse de Rocquencourt a été réunie à celle du Chesnay qui unit Rocquencourt à Versailles.

               Une chapelle dédiée à St Martin, qui existait autrefois à Chèvreloup, ayant été démolie sous Louis XIV, un autel dédié à St Martin avait alors été construit dans l’église de Rocquencourt.

               L’église du Chesnay, dédiée à St Germain de Paris, a été rebâtie au commencement du 19e siècle et a reçu la cloche de l’église de Rocquencourt. Cette cloche porte l’inscription suivante : « L’an 1672, j’ai été bénite par Me Charles Simon prêtre curé de l’église de Rocquencourt et nommée Jeanne par Me Jean Philippe Sanguin, chevalier, seigneur de Rocquencourt, Chèvreloup, Volluseaus, Lardenay et autres lieux, et dame Jeanne Regard son épouse. Nicolas Lelong, Alexandre Coret, Etienne Roullin, marguilliers. »

               Rocquencourt fut du grand nombre des paroisses de l’Ile de France qui, sous les premiers capétiens, appartenaient à l’abbaye de Saint-Denis.

              Dès le 12e siècle, des seigneurs laïques, desquels le premier fut Barthélémy le Poilu, 1120, avaient succédé à l’abbaye du moins en partie.

               En 1210, Philippe-Auguste, déclare, d’après le témoignage de Gilles de Versailles, que Garnier de Rocquencourt a donné à l’église du Val (Abbaye du Val Notre Dame à Argenteuil) la dîme de Rocquencourt.

               Une charte de Saint-Louis de 1248 donne à Philippe, son concierge et son chambellan, la terre de Rocquencourt confisquée sur Henri de Rocquencourt en raison du meurtre par lui commis du prévôt royal de Châteaufort.

               Au 16e siècle, Jean III de Thumery est seigneur de Rocquencourt et Vauluceau. (Maquet et de Dion, p.442). Alexandre Lenoir dans son musée des monuments français reproduit, tome III, planche 105 n°101, le monument élevé à André Blondel seigneur de Rocquencourt, intendant des finances, par sa veuve, en 1560 à Saint-Magloire de Paris. André Blondel, contrôler général des finances seigneur de Rocquencourt, fut pleuré par Ronsard qui lui composa une épitaphe. Possesseur de l’hôtel d’Aligre, il en avait fait don à la duchesse et Valentinois.

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Famille Sanguin

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             Claude Sanguin seigneur de Santony en Brie, élu échevin de Paris en 1523, puis bailli du Louvre, eut, de son mariage avec Etienne l'Escuyer, Jean Sanguin, seigneur de Santeny, de Valusseaux et de Rocquencourt, notaire et secrétaire du roi 1558, élu échevin de Paris 1564. Il épousa en 1556 Marie de Baugy. En février 1580, à l'assemblée des trois ordres de la prévôté et vicomté de Paris pour la réformation de la coutume de Paris, figure damoiselle Mary Baugy veuve de maître Jean Sanguin, vivant sieur de Rocquencourt, conseiller notaire et secrétaire du roi, tant en son nom que comme tutrice des enfants mineurs dudit défunt. Ces enfants étaient: Philippe, qui va suivre; Jean Sanguin sieur de Rocquencourt, trésorier de France en Bourgogne; Jacques Sanguin qui a formé une branche établie en Bretagne; Nicolas Saunguin sieur de Pierrelaye, commissaire ordinaire des guerres.

Philippe Sanguin seigneur de Vaulusseaux, puis, après son frère Jean, seigneur de Rocquencourt, conseiller au Châtelet, ensuite à la cour des aides, épousa, le 9 mars 1595, Marie Maillard, et mourut le 2 août 1632, père de: Philippe Sanguin, écuyer, sieur de Rocquencourt, conseiller à la cour des aides 1631.

En 1649 on trouve "la Terre de Roquencourt appartenant au sieur Sanguin, conseiller à la cour des aides" comprise pour 2000l. dans une taxes établie pour l'entretien des troupes dont les troubles de la Fronde nécessitaient le maintien aux environs de Paris. Ce Sanguin en 1665 est en procès contre maître Anne de Paris, conseiller au parlement de Paris, relativement à la propriété de pâtis séparant leurs héritages. Il mourut sans enfants de son éposue Marie Ferrand. Il fut inhumé de même que d'autres membres de la famille dans l'église de Rocquencourt. Sa femme mourut en 1702. 2° Jean Sanguin, qui va suivre. 3° Charles Sanguin seigneur de Vaulusseaux, lieutenant de la compagnie mestre de camp du régiment de Normandie.

             Jean Sanguin, écuyer, maître d'hôtel, prdinaire du roi, épousa Marguerite de Cossé, laquelle était veuve en 1672. Ils eurent de leur mariage:

             Jean Philippe Sanguin, écuyer, seigneur de Rocquencourt, qui épousa le 19 août 1669 Jeanne Baptiste Bézard. Ce sont eux dont le nom est gravé sur l'ancienne cloche de Rocquencourt en 1672. Jean Philippe mourut en novembre 1672. Leur fils              Jean Philippe Sanguin, seigneur de Rocquencourt et de Vaulusseaux est en 1676 en procès contre Martin Lavernet sieur des Bergeries relativement à la mouvance du fief de Chevreloup. Il épousa en premières noces en 1705 Marie Goujon, fille d'un procureur au Parlement, en secondes noces, en mars 1711, Madeleine de la Barre fille de Jean de la Barre intendant du duc d'Orléans. Du premier mariage, il eut une fille; du second, huit enfants.

             Les Sanguin avaient acquis en 1510 la seigneurie de Livry qui avait autrefois appartenu aux Garbuste; les membres de cette famille établis à Livry firent ériger cette seigneurie ou marquisat et en prirent le nom.

             La correspondance de Madame de Sévigné, qui fréquentait Livry où son oncle avait une abbaye, nous fait connaître divers membres de la famille Sanguin.

             En 1676, dans une lettre de Mme de Sévigné à sa fille du 15 avril, on voit que M. Sanguin achète de M. de Bellefonds la charge de premier maître d'hôtel du roi moyennant 550 000 livres avec brevet de retenue de 350 000.

             Le 22 décembre 1677, Madame de Grignan, étant à Paris chez sa mère, annonce à son mari resté en Provence le mariage du fils de ce M. Sanguin: "Mademoiselle de Saint-Aignan se marie avec M. de Rocquencourt, qui sera duc et pair si M. de Saint-Aignan, son beau-frère, n'a point d'enfants, comme les apparences le font croire. Le mariage s'est fait de cette manière: les pères, au coin du feu, contant les perfections de leurs enfants, M. de Saint-Aignan dit:

"Nous devons unir deux personnes si dignes l'une de l'autre. Je le veux, dit Sanguin, touchez là." Le chevalier errant (surnom du duc de Saint Aignan) donne sa parole, en parle au roi, et l'on choisit les étoffes de la noce. Ce mariage ne se peut rompre, car il n'y a point d'articles, et l'on ne donne pas un sou à la fille…". Ce texte est accompagné, par M. de Monmerqué, de la note suivante: "Marie Antoinette de Beauvilliers-Saint-Aignan épousa, le 11 janvier 1678, Louis Sanguin, marquis de Livri, qui succéda à son père dans la charge de premier maître d'hôtel du roi (Le premier maître d'hôtel du roi, madame de Sévigné l'appelle Claude Sanguin. Ailleurs, il est appelé Jacques Sanguin. Il mourut 1er septembre 1680), Livry, dont Louis Sanguin, que Madame de Grignon appelle M. de Rocquencourt, avait le marquisat, est une commune du canton du Raincy, célèbre par son ancienne abbaye, laquelle eut parmi ses abbés Christophe de Coulanges mort en 1687, oncle de Madame de Sévigné, et, novembre 1689, Denis Sanguin , abbé de Saint Pavin, plus tard de Livry, évêque de Senlis, connu sous le nom de Denis Sanguin de Saint-pavin, poète aimable, oncle de Louis Sanguin, et qui avait été l'amant de Mme de Vieuville mère de la comtesse de Parabère.

             Dans une lettre du 8 septembre 1680, Madame de Sévigné annonçant la mort de M. Sanguin le père, disait: "... c'était un bon et honnête homme; sa famille est désolée...". Dans une lettre du 24 janvier 1689, elle annonce la mort de sa veuve, au sujet de laquelle Dangeau, dans son journal, écrit de son côté: "Madame Sanguin mourut à Paris, elle était fort vieille et jouissait de dix sept mille livres de rente qui reviennent à M. de Livry, son seul fils. Outre cela, elle avait un douaire de mille écus de son premier mariage avec M. de Cossigny..." Le fils Louis Sanguin marquis de Livry, premier maître d'hôtel, mourut le 6 novembre 1723, âgé de quatre-vingts ans. Les Sanguin de Livry, sous la Révolution, recevaient à leur chasse, dans le parc de Raincy; leur ami le célèbre Merlin de Thionville.

             En 1706, les comptes des bâtiments du roi portent une somme de 4167 livres payée à M. Sanguin de Rocquencourt "pour lots et ventes et indemnités concernant des héritages compris en 1682 dans les travaux des avenus et réservoirs de Roncquencourt."

              La famille Sanguin vendit la terre de Rocquencourt à un bourgeois de Paris qui y bâtit un château. La comtesse de Provence, devenue propriétaire vers 1750, remplaça ce château par un autre plus convenable à sa grandeur. J'interromps ici l'historique du château pour le reprendre après avoir dit quelques mots de la Révolution et de l'Empire.

                  En 1593, lors de la conférence de Suresne entre les députés de Henri IV et les députés de la Ligue, une suspension d'hostilités fut établie dans un rayon de quatre lieues autour de Paris et de Suresnes; les localités jusqu'où s'étendait cet armistice étaient; aux termes de la convention, ainsi définies: "... Saint-Germain-en-Laye, Rocquencourt, Choisy-aux-Boeufs, Palaiseau...". Versailles n'était alors qu'un hameau; Rocquencourt était depuis longtemps un village assez important, de même Choisy-aux-Boeufs qui occupait, entre Saint-Cyr et Versailles, l'emplacement qu'a pris, sous Louis XIV, la ménagerie royale.

                 Au moment de la Révolution, Rocquencourt était un bien pauvre village, ainsi qu'il ressort de l'examen de son cahier de doléances. 

                 Dans une réunion tenue le 14 avril 1789, les habitants nommèrent pour les représenter à l'assemblée du tiers-état de la prévôté et vicomté de Paris-hors-les-murs qui devait avoir lieu le 18 avril: MM. Charles Mauny et Charles Allavant. Ils rédigèrent un cahier dont la rédaction est touchante de naïveté; il semble que chacun des quelques assistants a été appelé à formuler sa réclamation et que ce sont ces réclamations inscrites les unes à la suite des autres qui forment le cahier. Comment ces malheureux ouvriers, dont la société avait laissé l'esprit inculte, qui peinaient de longues journées pour gagner un salaire de famine, auraient-ils pu délibérer sur les grands problèmes que la situation politique et économique mettait alors à l'ordre du jour ? Voici le texte de leur cahier. 

                 "Nous avons entendu les voix les unes après les autres. Nous avons trouvé la personne de Charles Alavant et Mony, tous deux de la paroisse et tous deux présents. Fait et arrêté ce jourd'hui 14 avril 1789, dont nous avons signé tous ensemble sur ce que nous demandons. 

" Moi, Planquet, syndic, représente qu'il y ait une police plus réglée, vu que je ne puis la tenir par moi-même. 

" Deuxièmement, moi, Deslande, greffier, je vous demande la diminution du pain attendu que nous ne gagnons que la somme de 20 sols dans les pépinières de Sa Majesté, étant chargés de beaucoup de famille qui meurt de faim. 

" Moi, Charles Alavant, dénommé premier député, je ne saurais quoi vous demander, car la misère est si grande que personne ne peut avoir du pain. 

" Moi, Chabot, je vous demande une modération des tailles, vu que nous sommes trop chargés dans notre petite paroisse. 

" Moi, André Cavet, je vous demande qu'il y ait quatre bourgeois qui sont M. Vassal, apothicaire, M. Haubert intendant de Madame (la comtesse de Provence, propriétaire du château de Rocquencourt.), le sieur Rochon, maître d'école des enfants du comte d'Artois, le sieur Morille, au lieu et place du château de Madame, qui tient les trois-quarts des biens de ce pays-ci. 

" Je vous dirai qu'il n'y a pas de travaux ni de commerce, vu que l'on fait travailler les ouvriers pour rien. 

" Que la totalité de la taille se monte à 750 livres et qu'il est impossible qu'un journalier puisse payer cette dite somme en gagnant 20 sols par jour."

Signé: Allavant, Hubert, Broquet, Dufay, Picard, Rigot, Chabot, Deslandes, Mauny, Planquet, syndic, Deslandes, greffier. 

Le curé de Rocquencourt se fit représenter à l'assemblée de la prévôté et vicomté de Paris par le curé de Bailly. 

                 La commune de Rocquencourt, resserrée entre la forêt de Marly et les dépendances du parc de Versailles, eut particulièrement à souffrir de la disette dont pâtirent les premières années de la révolution. La situation défavorable de cette commune ressort des chiffres suivants indiquant la répartition des terres en 1788:  Ières terres imposables: jardins, 7 arpents, 41 perches, terres labourables 12 arpents 64 perches, prés, 21 arpents, 75 perches, bois, 70 arpents; IIème terres non imposables appartenant à M. de la Faye: jardins, 5 arpents; prés, 19 arpents; bois, 50 arpents. 

                 Le 29 mars 1790, un groupe de femmes de Rocquencourt s'empare d'une partie des pépinières du roi, afin de la cultiver à leur profit. La municipalité crut impossible de réprimer ce désordre. Le terrain était depuis quelques années en nature des prés, parce que, quand un terrain de pépinière est épuisé, il est d'usage de le mettre en pré pendant quelques années avant de le replanter. L'intendant de la liste civile consent à accorder aux habitants la récolte de leurs plantations. 

                 Le 7 mai 1790, l'abbé Nollin, directeur des pépinières royales, écrit au comte de Saint-Priest, ministre de la maison du roi. Les habitants de Rocquencourt, ayant appris la suppression prochaine des pépinières, se permettent d'y faire entrer leurs bestiaux et d'y couper les herbes, malgré la surveillance des gardes. 

                 Le 29 octobre 1793, le directoire du district de Versailles homologue une délibération de la commune de Rocquencourt qui envoie les commissaires dans le département d'Eure et Loir pour y acheter des grains. 

                 Le directoire du district accorda à la commune de Rocquencourt les secours suivants:

                 le 16 septembre 1793, 16 setiers de blé à prendre chez Pluchet fermier à Gally; 

                 le 9 septembre 1794 (23 fructidor an II), 1 setier de grain par jour à prendre chez le même Pluchet; 

                 le 12 avril 1795 (29 floréal an III) 50 livres de riz, à prendre au magasin de Versailles, payable 50 sous la livre; 

                 le 20 juillet 1795, 100 livres de riz à prendre au même magasin, payable 10 livres 3 demies la livre. 

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Napoléon I, voulant reconstituer le domaine de Versailles, dont une partie avait été aliénée sous la Révolution, acheta, le 25 février 1806, moyennant 500 000 francs, à M. Despiez, les fermes de Gally et de Chèvreloup réunies, qui avaient été vendues, 481 341 livres à François Aumont le 29 ventôse an V. 

                 Le 28 mars 1810, il acheta à Etienne Garnier Deschènes administrateur de l'enregistrement et des Domaines à Paris, 16 hectares 60 centiares de l'ancien grand parc de Versailles sous la commune de Rocquencourt moyennant 100 000 francs. 

                 En 1815, les armées alliées étant arrivées devant Paris le 1er juillet, la cavalerie du général Exelmans rencontra à Vélizy l'avant-garde prussienne composée de deux forts régiments de hussards qu'elle culbuta. Les Prussiens en déroute s'enfuirent par Versailles qu'ils traversèrent au galop, et, cherchant à gagner Saint-Germain, tombèrent à Rocquencourt dans une embuscade formée par les 1er et 6e chasseurs qu'appuyait un bataillon d'infanterie, troupes qui, détachées, sous le commandement du général Piré, de l'armée d'Exelmans, avaient filé par Ville-d'Avray. Ces troupes se précipitèrent, par le chemin des Boeufs, sur les deux régiments prussiens qui furent complétement détruits. 

                 Guillaume de Rosnyvinen comte de Piré, ancien émigré, ancien chouan, entré en 1799 dans la légion des hussards du premier consul, se signala dans les guerres du premier empire et fut nommé général de division en 1813; après avoir combattu à Waterloo, il ramena sa division mutilée près de Paris, et c'est dans ces circonstances qu'il défit l'ennemi à Rocquencourt. Le colonel de Briqueville, commandant le 15e dragons, y fut grièvement blessé de plusieurs coups de sabre. Le combat s'étendit au Chesnay où le chef du détachement allemand, colonel de sohr, trouva la mort. 

                 Ce combat fut comme le chant du cygne de la grande armée. Pa la médiation de Wellington, un armistice fut conclu et le 3 juillet, la capitulation était signée. Pendant ce temps, Napoléon, parti de la Malmaison le 29 juin, arrivait ce 3 juillet à Rochefort, dernière étape vers Sainte-Hélène. 

                 Sur le mur du parc du château de Rocquencourt, au carrefour des deux grand'routes, la société la sabretache a fait récemment apposer une plaque portant cette inscription: "La sabretache a fait apposer cette plaque à la gloire des derniers combattants des guerres de la Révolution et de l'Empire. Combat de Rocquencourt 1er juillet 1815. Généraux Exchnans et Piré..." Etc. 

                 Le chemin aux Boeufs, où se déroula en partie le fait d'armes, se dirige à travers bois, dans la direction est-sud-est, vers Marnes-la-Coquette. 

                 Le nom de ce chemin, le nom de Choisy-aux-Boeufs, le nom de Bouviers, hameau de Guyancourt, indiquent une ancienne et vaste région d'élevage. 

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Le gentilhomme à la canne à pomme d'or. 

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                  Un tome IV de son Histoire de France, chap. LXVIII, A. Monteil met dans la bouche d'un ancien conteur de village, au cours d'une veillée de paysans occupés en décembre à éplucher des noix, des histoires de revenants. Dans le conte de la canne à pomme d'or, un gentilhomme apparaissait tous les soirs, entre chien et loup, aux gens qui allaient de nuit de Rocquencourt à Saint-Cyr, et leur présentait sa canne en les priant de lui en donner cinq cent coups, pour lui rendre ceux qu'il avait mal à propos donnés aux habitants du pays pris à chasser sur ses terres. Mais il ne trouvait personne qui lui rendit ce service, ce qui aurait mis fin à ses peines, car il ne se trouvait personne qui osât frapper un gentilhomme. 

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Le château 

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                  Le magnifique château de Rocquencourt, à l'intersection des deux routes nationales, couronne un coteau où sa terrasse à l'italienne domine la plaine de Chèvreloup, Versailles, Triano et tout le val de Gally. Cette propriété aurait constitué le plus agréable des séjours sans manque d'eau. 

                 La construction de ce château fut commencée en 1786, sur l'emplacement de l'ancien château qui fut alors abattu, par la comtesse de Provence née Marie Joséphine Louise de Savoie, morte à Londres en 1814, dont le mari sera le roi Louis XVIII (On a publié une lettre du comte de Provence datée de Rocquencourt 15 mai 1787. Adressée au duc de Fitz James, cette lettre conteste la légitimité de la naissance des enfants de Louis XVI, mais son authenticité n'est pas certaine.) 

                 Les plans en sont de l'architecte de Wailly. La révolution en arrêta la construction au premier étage. Vendu par la comtesse de Provence à M. Dubois, celui-ci vendit le domaine à M. Doumerc-Belan, qui, sous la Révolution, fit terminer la construction du château, et le possédait encore sous la Restauration. 

                 Il a compté parmi ses possesseurs au 19e siècle M. Doumerc-Belan, le banquier Léon Fould; M. Furtado dont le jardinier parvint, à force d'application, à tapisser les murs de ses serres de lycopode denticulé, Mme Furtado-Heine, la célèbre bienfaitrice membre du comité des dames patronnesses de la société d'horticulture de Versailles; Mame Furtado habitait le château avec sa petite fille princesse Joachim Murat; Achille Fould et sa femme née Clara Marie Louise Heine, lequel Fould, né vers 1861, petit-fils du ministre des finances du seconde empire, fut député conservateur de l'arrondissement de Tarbes sous la troisième république. 

                 A l'angle du parc qui correspond au croisement des routes, une horloges surmonte cette inscription: Reconnaissance éternelle des habitants de Rocquencourt à M. Fould père, maire de la commune, fondateur de l'école communale gratuite en 1839 et du monument de l'horloge. 

                 Le château appartient actuellement à la princesse Murat. 

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Le parc a été dessiné par le peintre Isabey du temps du banquier Fould. On remarque dans ce parc une roseraie dont l'entrée est gardée par deux lions de pierre provenant du pont de Palikao en Chine et apportés en France par le général Montauban (le général Cousin Montauban, investi en 1860 du commandement en chef des troupes françaises de l'expédition de Chine, entreprise conjointement avec l'Angleterre, fut fait comte de Palikao janvier 1862 et mourut janvier 1878. 

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Rocquencourt n'a qu'un château, mais, tout autour, la campagne en est parsemée. Au nord, le magnifique château de Beauregard, construit en 1855, donné par Napoléon III à sa maîtresse, née Haryett, qu'il fit comtesse de Beauregard, devenu depuis propriété de M. Hirsch, est sur la Celle-Saint-Cloud. 

                 Au sud, sur le territoire du Chesnay, le château du Bel-Air qui a appartenu au docteur Ricard, et le château du Chesnay à la famille Caruel de Saint-Martin dont il est question à l'article Villiers-le-Mahieu. 

                 Sur la route de Versailles une petite maison de campagne avec jardin porte cette inscription: mairie. 1906. Une modeste annexe, construite derrière cette maison, est l'école. 

                 A 1200 mètres du carrefour, sur la route de Mareil-Mantes, se trouve, à l'extrémité de la plaine de Chèvreloup et à l'extrémité du territoire de la commune, la gendarmerie de Chèvreloup, à laquelle fait suite la ferme de Vauluceau qui est sur la commune de Bailly. 

                 La forêt de Marly, qui couvre au total 2000 hectares, se termine à l'Est sur la commune de Rocquencourt, où une porte d'entrée de la forêt est dite porte de Rocquencourt. 

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Population de Rocquencourt en 1896 ; 231 hbts

                                                        1931; 260 hbts

                                                        1936; 230 hbts

M. Adrien Maquet a publié en 1880, à Versailles, une notice historique sur Rocquencourt. 

M. Louis Guibert, instituteur, a publié en 1896: Rocquencourt, ses origines, ses différents seigneurs, son histoire, 196 p. avec fig. 

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Autre Rocquencourt: En 1790, Sophie Arnoult acquit une propriété à Luzarches, et elle donne son adresse "citoyenne Arnoult à Rocquencourt-lez-Luzarches."

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Source: les archives départementales des Yvelines, monographie communale de Rocquencourt écrit par Paul Aubert (1863-1949), cote : J 3211/18 [12]

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