top of page

MONOGRAPHIE COMMUNALE DE RENNEMOULIN


 

Du canton et à 8 kilomètres de Marly, Rennemoulin, situé sur le ru de Gally, est à 8 kilomètres de Versailles, à 2 kilomètres de la station de Noisy-le-Roi sur le chemin de fer de Grande Ceinture, à 3 kilomètres de la station de Villepreux-les-Clayes sur la ligne de Granville. Le Pont Cavalier sur le ru de Gally, marque l’intersection des limites des trois communes : Rennemoulin, Noisy-le-Roi, Fontenay le Fleury.

Ancienne désignation latine : Ranae Molendinum (moulin de la grenouille), 1208.

Rennemoulin possède une grande minoterie dont la cheminée domine le village.

En 1202, deux propriétaires avaient déclaré vouloir faire les frais d’une chapellenie à Rennemoulin pourvu que la chapelle fut desservie par un religieux de l’ordre de la Trinité. L’évêque de Paris autorisa, mais en pareil cas l’église désormais imposait des conditions destinées à parer aux abus que l’usage avait établis en faveur des fondateurs et qui faisaient de ceux-ci, qu’on appelait patrons de l’église, de véritables propriétaires des églises, dont les droits se transmettaient à leurs descendants. En l’espèce, l’évêque inséra dans la charte de fondation une clause lui réservant le droit de nommer comme de révoquer le desservant, avec l’indication des revenus affectés à l’église.

Jusqu’au début du 19e siècle, Rennemoulin eut une église, paraissant du 13e siècle, dédiée à Saint-Nicolas. Avant la Révolution la cure était un prieuré dépendant de l’abbaye d’Hermières. Le desservant était à la présentation de l’abbé d’Hermières, pris parmi les religieux de son ordre. L’abbaye d’Hermières, de l’ordre des Prémontre était située commune de Fouvières, dans l’actuel arrondissement de Meulan.

La paroisse ayant été supprimée et réunie à celle de Villepreux, l’église est devenue grange étable, grenier.

Sur la cloche, transférée à l’église de Villepreux, on lit l’inscription suivante : « Au mois de may 1690, j’ai été fondue par les soins de frère Jean François Raymbert prieur et curé de Rennemoulin et nommée Marie par messire Pierre Raims prêtre et chanoine de la sainte chapelle royale de Vincennes et par dame Leroy épouse de messire Philippe Lemoyne seigneur dudit Rennemoulin, ancien conseiller du roi et notaire au Châtelet de Paris, Louis Carlut, marguillier. J’ai été faite par Guilles Lemoine, fondeur pour le roi. »

Jean François Raimbert, religieux d’Hermières, bachelier en théologie, qui était prieur-curé de Rennemoulin lors de l’installation de cette cloche, dut élue en 1712 abbé de Sainte-Marie d’Abbécourt à Orgeval, dont il construisit les bâtiments.

En 1230, Marie de Rennemoulin veuve de Jean Paolé donne aux moines de Joyenval dix sous de revenu sur ses biens de Noisy « in consu meo apud Nosiacum junta Marli. » et à l’abbaye de Notre-Dame de la Roche (A Lévy-Saint-Nom) une rente de 20 sous parisis sur une maison sise à Poissy.

Mai 1541, suivant acte reçu par M. Yves Bourgeois, notaire au Châtelet, Antoine du Hautbois, prêtre, seigneur de Rennemoulin, prieuré de Saint-Martin de Vertot près de Châtillon sur Indre, demeurant ordinairement à Rennemoulin au Val de Gally, consent bail de son prieuré à Bault Boutet, prêtre, demeurant à Saint-Martin en Vertot, moyennant 120 livres tournois par an. (Coyecque)


 

En février 1580, à l’assemblée des trois ordres de la prévôté et vicomté de Paris pour la réformation de la coutume de Paris, comparut Anthoine du Vivier, écuyer, seigneur de Resnemoulin, secrétaire de François comte d’Alençon frère du roi.

Au procès-verbal de la même assemblée figure « les manants et habitants de Resnemoulin

– au – Val de Gallie, représentés par maître Jean l’Abbé contrôleur des tailles en l’élection de Gisors. »

Sous Louis XIV, le village fut inclus dans le grand parc de Versailles.

Grâce à un curé intelligent qui avait le goût des archives, la commune de Rennemoulin possède, pour la période qui a précédé et suivi immédiatement la Révolution, des registres municipaux complets et fort bien tenus. Ces documents authentiques ont été soigneusement analysés et résumés par M. E. Tambour dans un intéressant volume : Les registres municipaux de Rennemoulin (1903).

Au 18e siècle, l’état de la vicinalité restait déplorable. En 1788, M. Sené, curé de Rennemoulin, adresse, au nom du corps municipal de sa paroisse, un mémoire au bureau intermédiaire de Saint-Germain-en-Laye : « Le village de Rennemoulin est coupé en ligne droite par un chemin de paroisse très étroit, très rude et inégal, conséquemment très dangereux pour les voitures et les personnes de pied. Et comme il est impossible de sortir de cette gorge (où est resserré Rennemoulin) que par l’un des côtés de ce chemin, il faut nécessairement qu’il devienne plus mauvais de jour en jour par les trous et les ornières, déjà si dangereux que dans le cœur même de l’été on n’en échappe qu’avec le double de chevaux. Comme un malheur l’a vérifié tout récemment, un habitant partant pour la halle de Paris avec une voiture à neuf chevaux pour franchir un mauvais pas dans ce chemin a vu périr son timonier par une secousse trop rude qui le creva. De plus dans cette longue ruelle, il se trouve des passages si resserrés et relevés en bordures si étroites et si droites, que les voituriers au moindre cahot sont exposés à être écrasés. Dans l’hiver, cette traversée est impraticable même à pied. » Le 13 avril 1788, le bureau intermédiaire de St Germain répondit que, vu la modicité des fonds dont il pouvait disposer, vu aussi la longueur du chemin, l’assemblée provinciale ne pouvait s’en occuper : il fallait que la paroisse fournit une constitution volontaire.

En 1788, les terres de la commune de Rennemoulin se répartissaient ainsi :

I ent Terres imposables : jardins, 8 arpents 88 perches ; - labours, 260 arpents 20 perches, - près, 13 arpents, - pâture, 2 arpents 22 perches, - bois 203 arpents 12 perches.

II ent Terres non imposables, appartenant au roi, labours 8 arpents 88 perches, - bois, 150 perches.


 

Le moulin de Rennemoulin était loué par la liste civile 820 livres par an à François Robine.

Le 13 juillet 1788, un orage furieux dévasta la région.

Le syndic et les membres de la municipalité de Rennemoulin écrivirent aux membres du Bureau intermédiaire de St Germain en Laye que la récolte, blé, méteil, seigle, orge, qui était très-belle, est couchée, hachée, pressée contre terre et entremêlée, et égrenée en partie. Les féverolles qui auraient donné au moins cinq setiers l’arpent n’en donneront pas moitié. Les chènevières subissent trois quarts de perte. Les pos et vesces sont totalement perdus.

Le 15 septembre 1788, l’assemblée municipale de Rennemoulin, en vue des secours à recevoir, arrête que l’arpent de blé sera évalué à 80 livres de perte, l’arpent de seigle à 30 livres… L’évaluation totale monte pour les habitants de la paroisse à 14 890 livres dont 10 900 livres pour Jérôme Sénéchal fermier du roi, et 2630 livres pour Robine meunier, plus pour les horsains 1455 livres.

D’autre part Jérôme Sénéchal, fermier d’une ferme royale à Rennemoulin, bénéficiait de la part du roi d’une remise de 3000 livres sur ses fermages.

Nous avons vu qu’en 1580, la paroisse de Rennemoulin avait été représentée à l’assemblée de la prévôté et vicomté de Paris. Depuis cette époque, au dix-septième siècle, Versailles avait été érigé en bailliage et formait l’un des bailliages secondaires ressortissant à la prévôté et vicomté de Paris. Lors des élections aux Etats Généraux de 1789, c’est à l’assemblée préliminaire du bailliage de Versailles que les habitants de la paroisse de Rennemoulin se firent représenter. Toutefois pendant que ses représentants assistaient ainsi à l’assemblée du bailliage de Versailles, défaut était prononcé contre la paroisse à l’assemblée préliminaire de la prévôté et vicomté de Paris hors les Murs. Le 12 avril 1789, les électeurs de la paroisse de Rennemoulin élurent pour leurs députés à ladite assemblée de Versailles : Jérôme Sénéchal, fermier de la ferme domaniale de Rennemoulin, et Pierre Salles.

Dans l’ordre du clergé, à l’assemblée de la prévôté et vicomté de Paris hors les Murs, assista M. Sené, prieur curé de Rennemoulin.

Rémi Sené, né à Reims en 1731, religieux prémontré, curé de Rennemoulin depuis 1785, secrétaire de la municipalité, prêta serment à la constitution civile du clergé, abjura en nivôse an II, quitta la commune en 1796 pour se retirer à Favières (Seine et Marne) et mourut en 1807.

Le cahier de doléances de la paroisse de Rennemoulin caractérise l’état d’esprit des populations rurales à la veille de 1789. Ils ne se préoccupent pas de principes philosophiques ni de droits politiques ; absorbés comme ils sont par des besoins matériels auxquels la situation économique rend difficile de pourvoir, ils n’ont pu être touchés par les spéculations des grands penseurs qui, à la suite notamment de Jean Jacques Rousseau, préparent une rénovation de la société : leur unique souci, c’est de se soustraire à des charges pénibles. Ceux de Rennemoulin ont surtout à se plaindre du gibier qui foisonne dans le parc royal, des vexations quotidiennes et arbitraires auxquelles ils sont exposés de la part de gardes-chasse arrogants, des dommages causés par les pigeons du colombier…

« Rigoureuse et vexatoire est l’inquisition qu’exerce continuellement le régime arbitraire des officiers et gardes-chasse contre les habitants, duquel régime il s’ensuit que dans aucun temps les susdits habitants ne sont réellement sûrs de la liberté de leurs personnes et du libre usage de leurs propriétés. En effet tout le monde sait que la haine d’un simple garde dirigée contre tel ou tel peut suffire pour conduire en prison le soutien de toute une famille, et que les cultivateurs ne peuvent façonner ni ensemencer leurs terres, ni récolter leurs grains ou fourrages sans dépendre de l’inspection des officiers de chasse, lesquels n’en usent pas toujours avec modération. »

« … que soit ordonné un examen des remises à gibier qui couvrent ainsi dire les territoires de Rennemoulin et de Villepreux, ainsi que du dommage occasionné par la multitude desdites remises. »

Lorsque l’assemblée nationale prescrivit la mise en vente des biens ecclésiastiques, le désir bien naturel et bien humain de posséder son lapin de terre, d’agrandir son champ, apparait chez nos populations rurales. On convoite même une part du domaine royal, qui serait bien plus utile entre les mains des cultivateurs.

La Révolution fut bien accueillie parce que d’autre part elle supprima la dîme et les droits féodaux.

L’ouvrage de MM. Defrène et Evrard Les subsistances dans le district de Versailles est plein de renseignements sur les mesures auxquelles durent recourir les différentes autorités pour obvier aux graves difficultés économiques qui troublèrent les premières années de la Révolution dans le ressort du district de Versailles qui comprenait la commune de Rennemoulin.

En 1791, à une enquête prescrite par les administrateurs dudit district, la municipalité de Rennemoulin répond que les grains que ses terres produisent le mieux sont le seigle, l’orge et l’avoine. Le froment ne voit qu’en seconde ligne.

Le 3 mars 1793, les communes des environs de Versailles comprises dans les domaines de la liste civile demandent à la Convention que les terres et bois abandonnés aux plaisirs des ci-devant rois pour la chasse soient partagés pour être mis en terres labourables, qu’ils soient mis aux enchères par arpent en faveur des journaliers qui y feront venir des épis de blé au lieu de nourrir des lapins. Le 7 mars 1793, Coutures, régisseur des domaines de Versailles et de Marly, propose à la Convention que les terres incultes de ces domaines soient distribuées. Les habitants de Rennemoulin n’attendirent pas les décisions à intervenir sur ces propositions : ils s’emparèrent des terres non cultivées faisant partie des biens de la couronne et en entreprirent le défrichement.

Le 21 septembre 1793, le conseil général du département de Seine et Oise requiert sénéchal fermier à Rennemoulin de fournis sous huit jours 30 setiers de blé au magasin des subsistances de Versailles.

En septembre 1793, la municipalité de Rennemoulin dénonce au directoire du Département les incursions commises par des citoyens des communes voisines chez les fermiers de Rennemoulin et en particulier chez Sénéchal, qui fournissent le marché de Versailles : si ces fermiers ne sont protégés, on verra leur grange vide avant deux mois.

Le 9 nivôse an II, 29 décembre 1793, sur la plainte de la municipalité de Rennemoulin, contre Pierray, habitant de cette commune qui transgresse ouvertement les lois, ayant vendu l’avoine de sa récolte sans acquit à caution et laissé perdre par négligence 600 bottes de luzerne, le directoire du district de Versailles invite cette municipalité à faire exécuter énergiquement les décrets relatifs aux subsistances et à maintenir le respect dû aux autorités.

Le 6 pluviôse an II, 4 février 1794, les habitants de Rennemoulin assurent au District qu’ils ont approvisionné le marché de Versailles et fourni toutes les réquisitions demandées, mais ils sont en veille de manquer de blé. Ils demandent qu’on leur réserve ce qui se trouve dans les granges du fermier sénéchal et du meunier Robine.

Le 24 ventôse an III, 14 mars 1795, la commune de Rennemoulin décide de se joindre aux communes du canton de Marly pour adresser une pétition à la Convention et vue d’obtenir des subsistances.

Le 30 germinal an III, 19 avril 1795, la municipalité de Rennemoulin distribue au prix coûtant, 52 sous la livre, le riz qu’elle a reçu de Marly le 15 courant, soit 21 livres de riz sur les 18 quintaux accordés au canton de Marly.

Le comité de Salut Public ayant prescrit, le 4 germinal an III, 24 mars 1795, un recensement en vue de la réquisition d’un cinquième des grains, farines et légumes secs pour la subsistance de Paris et des armées, les commissaires au recensement à Rennemoulin font savoir le 10 floréal an III, 29 avril 1795, qu’ils n’ont trouvé que 30 setiers de grains, blé, seigle et orge, ce qui peut suffire au plus pour deux mois. Ils ne parlent point de farine, car la difficulté de s’en procurer est si grande qu’on ne fait moudre à la fois qu’un boisseau ou deux, ou au plus une mine de grains de grenailles (grenailles : graines de rebut que l’on donne en pâture à la volaille.)

Le 30 prairial an III, 18 juin 1795, en exécution de l’arrêté du comité de Salut Public du 24 floréal, un bilan est dressé des récoltes. Etat des terres ensemencées à Rennemoulin : Blé, 107 arpents 70 perches, seigle, 18 arpents 95 perches, méteil 7 arpents 56 perches, orge 16 arpents 39 perches, avoine 103 arpents, trèfle, 75 perches, luzerne, 16 arpents 33 perches, bois, 30 arpents.

« La rigueur de l’hiver prolongé jusqu’au-delà du temps ordinaire pour la sève, a fait périr une partie d’une espèce de blé d’hiver appelée dans ce canton blé rouge qui rend beaucoup plus que le blé. »

Les grains de mars et les fourrages ont beaucoup souffert de la sécheresse et du froid de printemps. Une forte pluie couche depuis deux jours le meilleur des moissons. On espère pourtant que les grains pourront se relever en partie.

C’était l’époque où la réaction thermidorienne faisait périr les derniers montagnards, les victimes de prairial.

Le 24 brumaire an IV, 15 novembre 1795, premier mois du gouvernement directorial, le procureur syndic de Versailles avertit la municipalité de Rennemoulin qu’en exécution de la réquisition du Département la commune doit fournir 342 livres de foin et 4583 livres de paille.

La population de Rennemoulin qui n’avait jamais atteint cent habitants, vient de dépasser ce chiffre au dernier recensement.

Au dénombrement de l’élection de Paris de 1709, Rennemoulin comptait 16 feux ; à celui de 1745, 18 feux.

Population en 1866… 60 habitants

1926… 90 habitants

1931… 116 habitants

​

Source: les archives départementales des Yvelines, cote du document: J 3211/18 [8], Monographie communale écrite par Paul Aubert, transcription Mathieu Thédié

bottom of page