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MONOGRAPHIE COMMUNALE DE NOISY-LE-ROI (en 1899)

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I - Partie géographique

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Le territoire de la Commune de Noisy-le-Roi ressemble assez à un quadrilatère irrégulier dont le plan s’incline du nord au sud suivant le versant du plateau de Marly. Il est limité au nord par le territoire de l’Etang-la-Ville ; à l’est, par celui de Bailly. Le troisième côté du quadrilatère, exposé au midi, est à la limite des communes de Fontenay-le-Fleury, Rennemoulin et Villepreux. Enfin le quatrième côté, à l’ouest touche à la commune de Saint-Nom-la-Bretèche.

Les limites du territoire sont en général conventionnelles. Cependant, au nord, elles sont indiquées par la route royale puis la route des Trembles. La redoute de Noisy forme comme une borne à l’intersection des limites nord et est de la commune. La route du vieux château et le ruisseau de la prairie de Bon Repos séparent une assez grande étendue de territoire entre Bailly et Noisy-le-Roi.

Le rû de Gally sépare les territoires de Noisy-le-Roi et de Fontenay-le-Fleury, comme le chemin de Villepreux à la Tuilerie-Bignon sépare les communes de Noisy-le-Roi et Villepreux.

La commune de Noisy-le-Roi s’étend de chaque côté du chemin de la grande communication, numéro 70, de Versailles à Maule. Elle n’a qu’un seul hameau : la Tuilerie-Bignon, moitié sur Noisy-le-Roi, moitié sur Saint-Nom-la-Bretèche.

Noisy-le-Roi compte actuellement 634 habitants. La population paraît diminuer depuis quelques années. Elle était de 713 habitants en 1881, de 658 en 1886 et 638 en 1891.

La superficie totale de la commune, d’après le cadastre, est de 542 hectares 64 ares 40 centiares.

Sur cette surface il y a environ 250 hectares cultivés en céréales, 60 hectares de prairies, 60 hectares de cultures industrielles, 20 hectares de pâturages, 15 hectares de jardins maraîchers et potagers, 9 Ha de jardins de plaisance, parcs etc. et 103 hectares de forêts (partie de la forêt de Marly).

D’un point de vue orographique le territoire se divise en deux parties bien distinctes. Au nord, à 163 mètres d’altitude, se trouve un plateau couvert presque entièrement par la magnifique forêt de Marly. Au sud, une plaine assez étendue, un peu vallonnée où l’altitude n’est plus que de 133 mètres. On peut en quelque sorte considérer le territoire de la commune comme un plan incliné s’étendant assez régulièrement du nord au sud et coupé seulement par deux vallonnements parallèles et continuant l’un sur le territoire de Rennemoulin, l’autre sur le territoire de Villepreux.

Le sol est très favorable à la culture des céréales et des plantes maraîchères. Il est en général de bonne composition. La partie du territoire avoisinant le rû de Gally a seulement du calcaire en excès. Dans les parties élevées du territoire le terrain est sablonneux ; dans la plaine les terres argilo-calcaire dominent.

Il est reconnu que le climat de Noisy-le-Roi est excellent. L’altitude du village, son exposition sur le versant sud d’un plateau, sa proximité de la forêt de Marly donnent à la localité un air vif et pur. Le plateau de Marly et ses hautes futaies abritent Noisy des vents froids du nord.

Ce n’est pas la plaine ni la forêt et cependant on peut à son gré respirer l’air de l’une et de l’autre.

Aucun cours d’eau n’arrose Noisy-le-Roi ni son territoire. Le rû de Gally, affluent de la Mauldre, sert en partie seulement de limite territoriale sud. Deux sources assez abondantes sont tributaires de ce petit cours d’eau ; une, dite de l’Orme, se trouve à un kilomètre au sud du village ; l’autre, dite « la source », est située à l’ouest et alimente l’unique lavoir communal.

Il en résulte que Noisy-le-Roi a été longtemps sans avoir d’autre eau que celle des puits. Il a été pour cette raison, quelquefois appelé Noisy-le-Sec. S’il y avait eu de l’eau à Noisy, Madame de Maintenon ne serait probablement pas allée à Saint-Cyr.

Depuis 1889 Noisy-le-Roi est pourvu d’une canalisation amenant l’eau des réservoirs de Louveciennes en assurant l’alimentation complète de tout le village au moyen de bornes fontaines. En outre des concessions ont été prises par un certain nombre de propriétaires de sorte qu’aujourd’hui plusieurs maisons ont l’eau à leur intérieur.

Primitivement Noisy-le-Roi s’est bâti de chaque côté de l’ancienne voie de Versailles à Maule. Cette voie est devenue le chemin de grande communication, n°70. Cette route est coupée dans Noisy-le-Roi, par le chemin de grande communication n°161 dit de Saint-Germain aux Petits-Près. Ces deux belles routes ont ensemble sur le territoire de Noisy-le-Roi, une longueur de 5970 mètres.

Six chemins vicinaux ayant une longueur totale de 1975 mètres assurent en outre une circulation facile dans tout le village.

De nombreux chemins ruraux, bien entretenus, permettent l’accès dans les différentes parties du territoire.

Depuis 1883 la ligne de chemin de fer de grande-Ceinture relie directement Noisy-le-Roi à Versailles et à Saint-Germain. Les communications avec Paris sont en outre on ne peut plus faciles soit par Versailles soit par l’Etang-la-Ville.

Depuis 1887 Noisy-le-Roi a un bureau de poste et télégraphe.

Enfin le 1er octobre 1899 a été inauguré le tramway de Versailles à Maule.

Il est donc permis d’espérer que dans un avenir assez rapproché Noisy-le-Roi augmentera en population et sa richesse locale suivra ainsi une marche ascendante.


 

État de la propriété – Principales culture – Commerce – Courants commerciaux


 

La moitié du territoire de Noisy-le-Roi (250Ha, 80a, 89ca en 1898) appartient à un même propriétaire ; 103Ha, 80a, 25ca sont à l’Etat (forêt de Marly).

Soit un total de 354Ha, 61.14. Si l’on ajoute la surface prise par les routes, chemins, places etc, soit environ 15Ha, il restera pour la petite propriété 172 hectares environ.

La culture des céréales l’emporte sur toutes les autres ; cependant on remarque qu’elle diminue depuis quelques années et que l’exploitation maraîchère et celle de betterave industrielle ont pris un certain développement.

Les arbres fruitiers réussissent très bien à Noisy-le-Roi et plusieurs propriétaires savent tirer un grand profit de leurs fruits.

D’ailleurs les produits du sol quels qu’ils soient s’écoulent sur Versailles et Paris ; ces deux villes, à proximité du lieu de production, offrent des débouchés très rémunérateurs. Un haras occupe plusieurs hectares du territoire de Noisy-le-Roi et il n’est pas rare d’y voir quelques fois jusqu’à 200 chevaux de pension.

L’élevage des moutons n’est pratiqué que dans la ferme de Noisy. Les vaches sont peu nombreuses et ne donnent que le lait nécessaire à la consommation du village. La ferme seule aussi utilise les bœufs pour la culture. 24 bœufs et 20 chevaux sont occupés pendant toute l’année dans cette grande exploitation.

Le territoire est assez giboyeux à cause de la proximité de la forêt. Malgré la surveillance des gardes forestiers, le gibier (à plumes surtout) s’échappe pour venir chercher les grains dans la plaine.

Il n’y a pas d’animaux ni d’insectes nuisibles particuliers à la localité.

L’occupation des habitants c’est la culture du sol. Pas de mines, de carrières, aucune industrie spéciale.

Les familles sont divisées en deux catégories à peu près égales : les familles agricoles et les familles dont les membres sont occupés à la maçonnerie. Les jeunes gens qui ne prennent pas le métier de menuisier ou de peintre partent servir les maçons dès l’âge de 14 ans. Ils gagnent peu au début mais n’ont pas d’apprentissage à payer. Ils vont travailler à la ville, soit à Versailles, soit à Marly.

On trouve encore à Noisy-le-Roi quelques ouvriers treillageurs ; mais ce métier n’occupe plus autant de bras qu’autrefois. La construction du grillage en fil de fer fait sort aux treillages de bois. Aussi les treillageurs ne font plus dans la forêt que fendre le bois faire des échalas.

En 1830 il y avait une filature : le cadastre en fait mention. Elle était située sur le rû de Moulineaux, à la limite du territoire de Noisy près du rû de Gally. Aujourd’hui les bâtiments de cette usine sont transformés en maison de culture.

Une briqueterie existait aussi autrefois à La Tuilerie. On voit encore les restes des fours. Mais elle était située sur le territoire de Saint-Nom-la-Bretèche.

 

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II – Esquisse historique

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A l’origine Noisy-le-Roi a dû être formé de quelques maisons disséminées sur la lisière de la forêt de Marly ou plutôt de Cruye. Les habitants cultivaient quelques champs en bordure du bois. Ils tiraient à la fois des produits de la plaine et de la forêt.

La forêt de Marly a abrité des collèges de druides et a été l’un des nombreux sanctuaires de nos ancêtres. Cependant on ne trouve sur le territoire de Noisy-le-Roi aucune trace, aucun monument, aucune arme de l’époque gauloise et même gallo-romaine.

Le village semble n’avoir pris de l’importance qu’à partir du 13e siècle, époque où il fut érigé en paroisse. Il ne comptait alors que 250 habitants et faisait partie du diocèse de Chartres, lequel s’étendait depuis la Seine jusqu’à la Loire, sur les confins de la Touraine. Le revenu de l’église de Noisy, à ce moment était de 15 livres.

Noisy fut dénommé successivement Noisi, Val-de-Galie, Noésy, Noisy-en-Cruye, Noisy-l’Egalité et enfin Noisy-le-Roi.

Sous le rapport féodal Noisy fit partie du comté de Montfort et de la châtellenie de Neauphle puis, au 15e siècle, de la châtellenie de Villepreux. C’était le siège d’une prévôté dont les officiers rendaient la justice au nom du seigneur du lieu. La seigneurie de Noisy relevait en fief principalement des seigneurs châtelains de Neauphle; cependant les comtes de Montfort et les seigneurs de Marly avaient aussi des droits sur cette seigneurie.

Les renseignements sur les premiers seigneurs de Noisy sont assez vagues. On pourrait cependant en établir la liste d’après les actes où il en est question.

Le plus ancien seigneur particulier de Noisy serait nommé dans une chartre cartulaire de l’abbaye de Vaux le Cernay, non datée, mais qui doit avoir été donnée de 1160 à 1196, au sujet d’un don fait à cette abbaye par Hélène d’Athies et dont entre autres étaient témoins Gauthier de Chaseron et Laudry de Noisy.

Au 13e siècle la seigneurie de Noisy était divisée en plusieurs arriéré-fiefs et les mutations y étaient assez fréquentes.

Des actes attestant ces mutations il résulte qu’en 1208 Simon de Noisy, élève, était propriétaire des revenus du pays.

Puis vers cette même époque ce fut Pierre de Maule qui obtient de comté de Montfort le domaine de Noisy-en-Cruye. Mathieu de Marly fut l’exécuteur testamentaire de Pierre de Maule.

En 1241 Pierre de Galon, chevalier, et Marguerite, son épouse, vendent moyennant 70 livres parisis à Pierre de Noisy, 8 livres de rente assignée sur le fief que Mathieu de Marly avait à Meulan. En mai 1245 Pierre de Noisy, donne cette rente à sa nièce, Sédille, fille de Guillaume de Noisy, religieuse de l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, avec le consentement de Bouchard de Marly.

A ces seigneurs aurait succédé Hugues de Noisy (1247) puis Ansel de Noisy (1250) puis Jean de Noisy (1255)

En 1267, Robert de Noisy, Chevalier fait une donation à l’abbaye de Joyenval.

La famille de la Villeneuve, l’une des plus illustres du pays chartrain succède à ces premiers seigneurs de Noisy.

Ce fief de la Villeneuve se trouverait avoir existé auprès de Saint-Nom-la-Bretèche.

En 1270, Pierre de la Villeneuve, écuyer, était seigneur de Noisy et de Bailly en Cruye en partie.

Philippe de la Villeneuve, son fils, écuyer, se qualifiant seigneur de Bailly en Cruye, en partie, du Chêne-Rogneux (commune de Grosrouvre) de Goupillières et autres lieux. Il possédait la grande partie du Val de Galie. Il vivait en 1285 et eut pour fils successeur Robert de la Villeneuve. Les membres de cette famille qui possédèrent ensuite Noisy furent :

Jean de la Villeneuve (1366)

Jean II de la Villeneuve

Guillaume de la Villeneuve

Simon de la Villeneuve, mourut en janvier 1491 et fut inhumé dans l’église de la paroisse de Villepreux.

Simon laissait un fils unique qui fut Guillaume II de la Villeneuve. Il mourut le 15 novembre 1516 et eut pour successeur son fils ainé Martin de la Villeneuve.

Cette famille de la Villeneuve s’éteignit vers 1559, mais dès 1526 la terre de Noisy avait passé par acquisition des héritiers de Guillaume de la Villeuneuve à messire Guillaume Poyet pour lors avocat du roi au parlement de Paris, baron de Beynes et abbé de Bardones. Ce seigneur de Noisy était en 1535. Premier président de Bretagne et Président en la Cour du Parlement de Paris. En 1541 il est qualifié chevalier–chancelier de France, baron de Beynes, seigneur de Noisy-en-Cruye et autres lieux. C’est lui qui fut choisi par Louise de Savoie, mère de François 1er pour soutenir le procès qu’elle intentait au connétable de Bourbon. Il s’acquitta habilement de cette tâche et fut comblé d’honneur. Servilement dévoué à la cour et espérant obtenir par son appui le chapeau de cardinal, il se fit l’instrument de la haine de connétable de Montmorency contre l’amiral Chabot ; mais il fut à son tour accusé de malversation, arrêté en 1542, dépouillé de toutes ces charges (1545) et condamné à 100.000 francs d’amende. Il mourut vers 1548. C’est lui qui avait préparé l’ordonnance de Villers-Cotterêts, rendue en 1539, et qui limitait la juridiction ecclésiastique.

Quelques années plus tard en 1552, la seigneurie de Noisy était passée entre les mains de la duchesses d’Etampes, Anne de Pisseleu, favorite du roi François Ier. Elle avait contribué beaucoup à la disgrâce du chancelier Poyet, pour venger l’amiral Chabot, son parent, et la reine de Navarre, sœur de François Ier, la seconda en cette occasion avec non moins d’acharnement.

Après la mort de François Ier, Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois et maîtresse de Henri II, se fit donner toutes les terres et seigneuries que possédait la duchesse d’Etampes qui avait peu à peu perdu tout son crédit sous ce nouveau règne.

Diane de Poitiers est qualifiée dame de Noisy dans des actes en date des 14 et 15 novembre 1560 passés par devant Mathurin Charruau clerc, tabellion juré : en la seigneurie de Noisy.

Albert de Gondy, comte de Retz, puis maréchal de France, succéda à la duchesse de Valentinois dans la seigneurie de Noisy.

Il acquit vers 1571 la seigneurie de Bailly-en-Cruye ou l’obtint comme celle de Noisy, de la faveur de la reine Catherine de Médicis et du roi Charles IX.

La famille de Gondy était originaire de la ville de Florence en Italie. L’un de ses membres, Antoine de Gondy, passa en France avec Catherine de Médicis, s’y fait naturaliser et devint Maître d’hôtel sous Henri II.

Il eut un fils, Albert de Gondy, né en 1522 mort en 1602, qui épousa en 1565, Claude Catherine de Clermont Tonnerre, baronne de Retz. Ce fut l’un des favoris les plus vieux de Charles IX ; il remplit les fonctions de général des galères (1579-1598) et passa, avec Tavannes, pour avoir concilié la Saint-Barthélemy.

Albert de Gondy suivit Henri III en Pologne et en revint lorsque ce prince fut appelé au trône de France.

A peine assis sur le trône Henri III reconnu Albert de Gondy, maréchal de France en 1574 et ce fut également vers cette époque que Gondy reçut la baronnie de Marly-le-Châtel.

En 1574 il résidait à Bailly dans le château de ce lieu pendant qu’on construisait pour lui un château de Noisy à résidence des plus belles s’il en fut, et qu’il habitait avec sa famille dès 1589.

Des entrevues eurent lieu dans château, 1592, entre le Légat du pape Sixte-Quint, le cardinal Cajetau et Pierre, cardinal de Gondy. Il y fut convenu qu’on proposerait au roi « d’affirmer son intention de se faire catholique et de s’instruire pour cela » Ces propositions furent écoutées, car l’année suivante la conversion du roi avait lieu et la paix désarmait les partis.

Au commencement du 17e siècle, cette résidence seigneuriale était abandonnée par les descendants de ceux qui l’avaient construite. Elle fut vendue en 1619, à Henri et Jean François de Gondy. Henry étant mort en 1622, Jean François de Gondy fut sacré premier archevêque de Paris et devint seigneur des châteaux de Bailly, Noisy, et autres lieux. Mais il s’occupa peu de ses biens et il mourut en 1654 laissant pour héritiers son frère Philippe Emmanuel de Gondy, comte de Joigny et son neveu Henri de Gondy, duc de Retz, qui, le 28 juin 1656 vendirent Noisy, Bailly, Marly-le-Roi et les Essarts, à François Bossuet, Secrétaire du roi pour la direction des finances.

Celui-ci ; dernier seigneur de Noisy, en fut le bienfaiteur ; mais ses grandes libéralités le ruinèrent et il se vit forcé de vendre le Château que Louis XIV acheta en 1676.

Des gardes sous le commandement d’un capitaine y furent installés.

C’est alors que la veuve du poète Scarron, Madame de Maintenon (Françoise d’Aubigné, marquise) deuxième femme de Louis XIV, demanda et obtint du roi le château de Noisy pour y installer son pensionnat de jeunes filles nobles et pauvres. Ce pensionnat avait débuté à Montmorency puis il avait été transporté à Rueil dans une maison qui pouvait recevoir soixante jeunes filles (1682). Le succès de cette œuvre fut si grand qu’il fallut chercher des locaux plus vastes. C’est alors que Louis XIV fit approprier le château de Noisy pour recevoir cent jeunes filles (février 1684). Ce nombre fut bientôt dépassé « Jugez de mon plaisir, écrivait Mme de Maintenon à son frère le 7 avril 1685, quand je reviens le long de l’avenue, suivie de cent-vingt-quatre demoiselles. » Un plan d’organisation générale avait été adopté. Les élèves étaient partagées en quatre classes, suivant leur âge et leur instruction. Elles portaient un uniforme.

De toutes part la Cour venait voir les filles de Madame de Maintenon. Le roi lui-même renouvelait ses visites. Il était fort préoccupé de l’état de la noblesse, qui se plaignait d’être sacrifiée ; Louis XIV venait de fonder l’Hôtel des Invalides pour les officiers vieux ou blessés et de créer les compagnies de Cadets pour les fils de gentilshommes. C’est à la même pensée que se rattache l’établissement de Saint-Cyr. Le projet avait été d’abord de recevoir cinq cent demoiselles qu’on élèverait jusqu’à quinze ans ; mais il fut arrêté en Conseil du Roi qu’il était préférable de n’élever que deux cent cinquante jeunes filles jusqu’à l’âge de vingt ans et de leur constituer une dot qu’elles recevraient à cette époque.

Noisy qui manquait d’eau, ne pouvait satisfaire à un plan si vaste. Un domaine fut acheté aux environs de Versailles (9 avril 1685). Les bâtiments de Saint-Cyr furent alors commencés. Le 2 août 1686, la communauté de Noisy s’y transporta. Dès lors le château de Noisy fut délaissé. Avec Madame de Maintenon il avait perdu sa splendeur. De 1685 à 1690 il ne fut visité qu’à de rares intervalles par le Roi ou par sa famille. En 1700 une partie de la vènerie y fut réunie.

Le 21 février 1708, le Roi fit don du château à M. de Chamillac, secrétaire d’Etat au Département de la guerre ; mais celui-ci, ayant trouvé trop considérables les dépenses que nécessitait la restauration de ce vaste immeuble, refusa l’offre royale.

Abandonné par les princes du sang, notamment par le duc de Bourgogne, atteints tous par une mort prématurée, le Château de Noisy tomba en ruines.

En 1732, Louis XV le donna à M. Le Roy, lieutenant de ses gardes-chasse du Parc de Versailles, à condition qu’il le ferait démolir à ses frais et dépens ce qui fut exécuté de suite.

Avec les débris du château M. Le Roy fit construire à quelques centaines de mètres plus bas, une belle maison qui existe encore aujourd’hui.

Cette maison fut vendue en 1749 à M. Bachelier, conseiller et premier valet de Chambre du Roi, qui agrandit et décora les jardins.

Aujourd’hui elle est la propriété de M. Tambour.

C’est une demeure doublement historique, car c’est là que le 22 juin 1792 fut arrêtée Geneviève de Gramont, comtesse d’Ossun, dame d’atours de la Reine, nièce de M. de Choiseul. Cette femme était au service la Reine depuis 1780 et Marie Antoinette avait pour elle beaucoup d’affection. Avant de quitter Paris dans la soirée du 20 juin 1791, Marie Antoinette songea à son amie et lui écrivit le billet ci-après :

 

Ce lundy 20 au soir

Tous les devoirs réunis m’ont empêché Madame de vous avertir de notre départ. J’ai pourtant risqué de vous engager à faire une course ne fusse que pour vous sortir d’icy. J’ai bien peu de moment à moi et beaucoup d’affaire. Je me borne donc à vous assurer de mon éternel et inviolable amitié. Dieu veuille que nous puissions être promptement réuni. Je vous embrasse.

(Coüard, un autographe de Marie Antoinette.)

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Le 22 juin 1791 Mme d’Ossun fut arrêtée et conduite à Versailles. Elle était accusée d’avoir connu le projet de fuite de la famille royale. Elle parvint à se disculper et fut remise en liberté après jugement. Trois ans plus tard elle fut de nouveau arrêtée, jugée le 8 thermidor an II et condamnée à mort pour avoir conspiré contre l’Etat.

Comme autre curiosité de Noisy-le-Roi il faut encore citer le cèdre, arbre magnifique qui se trouve dans le parc du Vaucheron, au bord de la route de Versailles. C’est le père du célèbre cèdre apporté au Jardin des Plantes de Paris en 1754 par Bernard de Jussieu.

M. le Marquis de Cherville, ancien collaborateur de Dumas père, rédacteur au journal « le temps », auteur de nombreux ouvrages relatifs à la campagne, aux animaux, décédé à Noisy-le-Roi le 10 mai 1898, a consacré à cet arbre un article des plus intéressants. Le cèdre de Noisy-le-Roi est plus élevé et plus beau que celui du Muséum. Il mesure 7m10 de circonférence à la base.


 

Le Couvent des Cordeliers de Noisy-le-Roi


 

Vers 1589, en même temps que s’édifiait le château de Noisy. Albert de Gondy, maréchal de Retz, faisait construire une église pour servir de paroisse à la place de l’ancienne qui était près du Château et dont il fit la chapelle de sa nouvelle demeure.

Cette chapelle fut d’abord desservie par des religieux Minimes ; mais ceux-ci, chassées par ledit maréchal, furent remplacés par des Cordeliers 1599. De cette époque date la fondation du couvent des Cordeliers à Noisy. Douze religieux y furent installés et l’acte de fondation en fut dressé à Noésy, le 21 septembre 1599 en présence de Henri de Gondy, Evêque de Paris, de Jean Constant, secrétaire du Seigneur de Noésy et de François Giraud, concierge du château.

Parmi les clauses diverses de cet acte on remarque : « Le dit seigneur fait donation de 2000 fayots, 2000 côterets, 4 muids blés de méteil, 800 livres de rente annuelle perpétuelle

« Ces ressources constituaient les revenus fermes du Couvent auxquels s’ajoutèrent les dîmes, puis successivement les donatrices suivantes :

En 1697 100 livres de rente par Gille Robert

500 livres de rente par Adam Chéret, portier de la porte de Paris à Villepreux

100 livres de rente par le même « pour employer en nature propre »

En 1716 45 livres de rente par Pierre de Paris, propriétaire à Beauregard pour 30 messes basses.

En 1730 1100 livres par la Veuve Tavernier pour une messe tous les vendredis

En 1750 600 livres pour desserte de la chapelle du château de Marly

En 1780 150 livres de rente par « Madame »

En 1790 190 livres de rente par Pierre Boulogne, laboureur à Launay, près Arpajon


 

On touchait alors à la révolution et le père Jean de la Place gardien du couvent ainsi que

les autres frères furent dispersés peu après.

Du couvent il reste une maison dont le gros œuvre n’a subi que quelques transformations ; son aspect monacal et surtout la distribution intérieure rappellent ses anciens hôtes.

Achetée par M. Regnault, un des bienfaiteurs de Noisy, vendue ensuite à M.Papaut qui la céda à une artiste dramatique, Melle Dika Petit, cette propriété, avec ses jardins, son parc en gradins, d’où la vue s’étend sur Versailles, Saint-Cyr, Fontenay, les Clayes, appartient aujourd’hui à Monseigneur Goux, évêque de Versailles.

Est-elle appelée à redevenir ce qu’elle était il y a cent ans ? C’est le secret de l’avenir.


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III - Instruction publique

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La première école fut installée à Noisy, vers 1589, dans un Pavillon, l’un des quatre parallèles extra-muros du château d’Albert de Gondy.

Ce seigneur l’avait donné à la commune pour l’établissement des sœurs de charité « pour faire l’école aux enfants ». On ne peut je crois faire remonter plus haut l’existence d’une école dans la commune.

Cette école fut dirigée successivement par les sœurs Modeste, Geneviève, Charlotte, Catherine….

Dans un acte de mariage du 26 février 1686 on trouve la mention suivante : Le mariage a été fait en présence de …. Et discrète personne Marie Givon, maîtresse des Ecoles charitables de Noisy et Bailly.

Les sœurs furent remplacées en 1791 par des instituteurs qui dirigèrent l’Ecole mixte jusqu’en 1869. Cette même année le pavillon ayant été démoli, l’école fut installée dans une construction nouvelle, avenue Regnault, où le rez-de-Chaussée en entier, est occupé par la salle de classe. Au-dessus est un logement suffisant sans être trop grand, bien parqueté et convenablement distribué. Au nord et au sud deux beaux jardins l’ornent agréablement.

En 1869 une école libre de filles fut fondée et dirigée par des institutrices privées jusqu’en 1875, date où elle fut transformée en école publique.

La commune acheta cet immeuble pour 5000 francs bien que ce local fut insuffisant et ne présentât aucune des conditions d’une bonne installation. Des dépenses d’aménagement y furent faciles à diverses reprises, mais sans résultats satisfaisants. Elèves et maîtresses s’y trouvaient fort mal par la suite du manque d’espace, d’air et de lumière.

En 1887, cette maison était vendue et l’école de filles était transférée avenue Régnault dans le local précédemment occupé par l’école des garçons.

Ceux-ci s’installaient à la même date dans les vastes et beaux locaux situés avenue de la gare, édifies au centre du pays et inaugurés le 22 mai 1887 par M. le préfet de Seine-et-Oise.

Ces constructions comprennent l’Ecole de garçons, une école enfantine, le logement du personnel et la Mairie. Elles sont complétements isolées des habitations voisines ; le grand air et la lumière y arrivent de toutes parts ; les préaux, les cours sont très grands ; les jardins suffisants.

Les écoles de filles et enfantine actuelles sont sous la direction de l’Institutrice. Une femme de service soigne les tout petits enfant à l’école enfantine.

Des recherches faites dans les archives communales il résulte que le traitement de l’instituteur en 1791 était de 610 livres environ et se décomposait ainsi :

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Traitement fixe 300 livre

Rétribution scolaire 310 livres

Total 610 livres

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A cette somme s’ajoutaient les traitements de bedeau, de chantre, de carillonneur, de secrétariat.

Ce chiffre n’a pas varié jusqu’en 1833, où le traitement fixe descendait à 200 francs mais la rétribution scolaire produisait 600f environ de sorte que le traitement total s’élevait à 800 francs et se maintenait ainsi jusqu’en 1850.

De 1850 à 1882, le traitement de l’instituteur s’est élevé à 1200f et 1500f
 

Instituteurs

4 7bre 1791 Fontaine François 1791-1793

Dubois Jean 1793-1794

La Motte Jean Baptiste 1794-1802

Macé Louis Joseph 1802-1804

Fontaine François Louis 1804-1815

Lizerai Nicolas 1815-1820

Ferton François Charles 1820-1829

Charpentier Eustache Pierre 1829-1834

Bousquin Louis Paterne 1834-1841

Moyat Prosper Adolphe 1841-1845

Sergent Jean Pierre Vast 1845-1847

Delamotte Louis Joseph 1847-1865

Normand Adoplhe 1865-1878

Cauras Julien 1878-1884

Lesserteur Alexandre 1884-1896

Crété Charles 1896 –

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Institutrices

Entre 1589 et 1791 (Sœurs Modeste

Geneviève

Catherine

Charlotte

………...)

Mlle Jacquot Zélie 1869 Ecole libre

Fabrequettes Marie Fanny 1875 Ecole publique

Lebel Zélie 1876-1896 Ecole publique

Mme Desjardins 1896-1897 Ecole publique

Mlle Tessereau 1897 Ecole publique


 

Des cours pour les adultes sont donnés pendant l’hiver à l’école de garçons depuis 1896.

Des conférences publiques y sont aussi faites fréquemment.

Une association amicale des élèves et anciens élèves de l’école des garçons fonctionne régulièrement depuis cette époque. Elle procure aux jeunes gens de fréquentes réunions. Elle leur permet de faire chaque année une excursion dans une région pittoresque de France. En un mot elle continue l’œuvre moralisatrice commencée à l’école.


 

A Noisy-le-Roi, le 25 septembre 1899

L’Instituteur

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Source : archives départementales des Yvelines, monographie communale de Noisy-le-Roi écrite par l'Instituteur en 1899 pour l'exposition universelle de Paris en 1900, cote du document: 1T/MONO 9 [25], transcription Mathieu Thédié

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